PORTRAIT D’ANTOINE CAUX JDA Journal Des Amiénois 22/11/2017

ELLE EST A LUI CETTE CHANSON

SA REPRISE DE BRASSENS EN PICARD NE DOIT PAS LE RÉDUIRE AU RÔLE DU CHANTEUR “PICARDISANT”. FIGURE DE L’INSOUCIANCE AMIÉNOISE DES ANNÉES 70, MARC MONSIGNY REVIENT AVEC SES CHANSONS NEUVES.

Pour ne pas avoir vécu l’Amiens des années 70, on ne savait rien de Marc Monsigny, 60 ans, malice dans les yeux et voix qui semble familière. Il nous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. 1976. Époque pulls à grosses mailles, barbes et cheveux longs, prémices du bio avec la coopérative Fol’avoine, rue des Archers, à Saint-Leu. Après les Trente Glorieuses, le refus de la société de consommation.

C’est ça, l’époque du jeune chanteur à texte Marc Monsigny, méconnaissable sur les coupures jaunies du Courrier Picard. Le Larzac est en lutte contre l’expropriation de ses paysans et le régionalisme s’impose dans une France pas encore en crise. La Bretagne a Alan Stivell. La Picardie, toute une clique. « Il y avait cette volonté de faire entendre nos langues régionales », raconte Marc Monsigny. Chanteur picard, « pas chanteur en picard », précise-t-il. Et amoureux de Brassens, sur les chansons duquel son frère lui a appris la guitare, ado. « J’aime ses textes, le côté universel des histoires. »

EJ M’A FOAIT TOUT TCHOT

Dans son nouvel album, Chansons neuves, il reprend de « maître Georges » le très actuel titre La Visite sur le regard vis-à-vis de l’étranger. Et transforme Je me suis fait tout petit en Ej m’a foait tout tchot. « Ça s’y prêtait vraiment. J’entends les sonorités de mon enfance. » Car dans la ferme parentale de Sailly-Laurette, village détruit par la Grande Guerre, la grand-mère ne parlait que picard. « Mes parents nous l’interdisaient. C’était totalement dévalué, un truc de vieux. » Le fils de paysan devient instituteur : « J’aimais le rapport au métier des profs que je connaissais ». Et tombe sur les textes picards d’Armel Depoilly que ce passionné de folk met en musique. « C’était évident, le picard est tellement un bout de moi. » La Maison de la culture tourne avec des minispectacles pour présenter sa programmation à travers la Picardie. Marc embarque. « Qu’est-ce que j’ai bouffé comme flamiches ! »

UN ALBUM A NEUF

En 1985, le voilà au Printemps de Bourges à la suite de son premier vinyle, Tchot Bizness : « Ma petite entreprise en picard », sourit-il. Trente-deux ans après, voilà le deuxième opus. Seulement. Peut-être parce que ses dernières années d’enseignement auprès d’élèves avec de graves problèmes d’apprentissage à Amiens lui ont pris beaucoup d’énergie. « Guy Debord aurait dit : “La retraite, c’est l’offensive”. » Son offensive, ce sont ces Chansons neuves, comme Les Éparges, hommage au grand-oncle mort en 1915 près de Verdun. « Ce disque, c’est une histoire d’amitié. » Ils étaient neuf pour l’enregistrer cet été. Dont le fiston, Kevin, ex- leader de Tweed, beau petit succès début 2000. Pour Marc, le temps a passé, l’idéalisme reste. Nostalgique ? « Oui, d’un monde moins porté sur l’in- quiétude…Disons que je suis un optimiste lucide. »

ANTOINE CAUX

En concert, au Petit Thêatre d’Argile d’ALLONVILLE

Le 25 (20H30) et 26 (16H) Novembre

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